Opt4-1 - Daguerréotype, polissoir et plaque

Fonction

Cet ensemble sert à préparer et traiter les daguerréotypes (ce nom est attribué tout à la fois aux anciennes plaques photographiques et à l'appareil qui permet de les obtenir).

Description

L'ancêtre de la photographie, le daguerréotype, est constitué par une plaque de cuivre (support) recouverte d'argent (qui fournira la "couche sensible").

  • Première opération : à l'aide de tampons de coton, légèrement imbibés d'alcool et de poudre de tripoli, puis ensuite à l'aide du polissoir et de rouge d'Angleterre (colcothar : oxyde ferrique), on polit soigneusement la surface argentée.
  • Deuxième opération : transformation de la couche d'argent en couche contenant de l'iodure d'argent. Pour cela la plaque est soumise à l'action de la vapeur d'iode

2Ag + I2 → 2Ag+ + 2I-


Selon Ganot : « on reconnaît que la plaque est convenablement ‘’iodée’’ lorsqu'elle a pris une belle teinte jaune d'or commençant à passer au rouge sur les bords » (au bout de deux minutes environ).

  • Troisième opération : plonger la plaque dans une solution aqueuse de brome ; il se produit du bromure d'argent :

2Ag + Br2 → 2Ag+ + 2Br-


" La plaque doit prendre une teinte aussi rouge que possible, sans passer au violet ". La couche devient ainsi plus sensible à la lumière.

  • Quatrième opération : la plaque est alors utilisée, comme une plaque photographie actuelle, dans une chambre noire ou appareil photographique. La plaque est dite « impressionnée » et « contient une image latente qu'il faut révéler ».

Br- + h ν (photon) → Br + e-

e- + Ag+ → Ag

  • Cinquième opération (révélation) : pour rendre visible l'image latente « on expose la plaque à l'action de vapeurs de mercure en la plaçant, sous une inclinaison de 45 degrés à la partie supérieure d'une boite de bois disposée à cet usage dont le fond, qui est de tôle, porte une cavité pleine de mercure. Celui-ci étant porté à une température de 60 à 75 degrés au moyen d'une petite lampe à alcool » (d'après Ganot). Là où la plaque a été éclairée se forme un amalgame blanc de mercure et d'argent (l'image est, d'emblée, positive), tandis que « les autres parties restent noires après l'effet même du bruni de la plaque » dit Ganot.
  • Sixième opération (fixation) : l'excès d'iodure (et bromure) d'argent est dissous dans une solution de thiosulfate de sodium. Puis, pour rendre moins fragile le dépôt d'amalgame (blanc) ou lave la plaque dans une solution de chlorure d'or (AuCl3). Cette amélioration a été proposée par Fizeau.

Histoire

Donnons quelques jalons dans l'histoire de la photographie.

  • Nicéphore Niepce (1765-1833) utilise le noircissement du chlorure d'argent pour obtenir ce qu'on appelle maintenant une photographie ; mais, outre la nécessité d'une très longue pose, il n'obtient qu'un négatif et il ne sait pas en tirer une image positive. Il utilise aussi une plaque métallique recouverte d'une mince couche de bitume de Judée (noir). Sous l'action de la lumière le bitume blanchit et devient soluble dans l'essence de lavande. Après exposition dans la chambre noire, cette plaque est donc lavée à l'essence de lavande. Il y a alors mise à nu du métal dans les parties qui ont été illuminées. On attaque alors à l'acide ces parties claires. Cette plaque peut servir à l'impression de feuilles de papiers. C'est le début de la photogravure.
  • Louis Jacques Daguerre (1830-1889) : ayant eu connaissance des travaux de Niepce, il obtient en 1829 sa collaboration. Mais le daguerréotype ne fut rendu public que le 30 juillet 1839, 6 ans après la mort de Niepce qui ne put ainsi partager la gloire de la découverte. La daguerréotypie fut présentée à l'Académie des sciences de Paris par François Arago le 19 Août 1839. Le texte de son rapport fut publié dans le tome XXXV de « La France littéraire » en 1839.
  • William Talbot (1800-1877), anglais, invente la daguerréotypie sur papier (comme support).
  • Georges Eastman (1854-1932) : américain, utilise un support cellulosique et invente le film photographique.
  • Charles Cros (1842-1888) et Louis Ducos de Hauron (1837-1920) inventent indépendamment l'un de l'autre et presque simultanément la photographie en couleur (procédé trichrome).
  • Gabriel Lippman (1845-1921) invente un remarquable procédé interférentiel de photographie en couleurs.